Je pense que tout parieur a déjà été confronté au moins une fois à un ami ou une connaissance venant vous dire après un pari perdu, « tu aurais dû me demander, pour moi c’était sûr qu’ils allaient perdre ». Il se peut bien sûr que votre ami avait lui aussi analysé le match et voyait réellement l’équipe perdre, mais il est fort possible également qu’il soit tout simplement la cible d’un des nombreux biais cognitifs connu, à savoir dans notre exemple un biais rétrospectif (tendance à surestimer après la fin d’un évènement ou d’une action, comment on le jugeait prévisible ou probable).

biais cognitifs

définition

« Le biais cognitif est une distorsion dans le traitement cognitif d’une information. Le terme biais fait référence à une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité. Les biais cognitifs conduisent le sujet à accorder des importances différentes à des faits de même nature et peuvent être repérés lorsque des paradoxes ou des erreurs apparaissent dans un raisonnement ou un jugement. Ces biais cognitifs ne sont généralement pas conscients. » (source wikipédia).

Il y a énormément de biais cognitifs, dans cet article j’ai fait une sélection de certains biais cognitifs qui peuvent affecter votre jugement en tant que parieur.

Le biais de résultat

C’est le fait de juger de sa décision par rapport au résultat de notre action, au lieu de sa valeur réel avant l’événement. Dans les jeux de carte comme Magic, … ou au poker on parle d’être résult oriented. Cela revient à définir si notre décision est bonne en fonction du résultat sur le court terme et non sur le long terme. Exemple, PSG contre Dijon avec une cote de 1.2 sur Dijon (le PSG est au complet) on est clairement en présence d’un très mauvais pari qui n’est pas du tout value, et pas besoin d’être un expert dans le foot pour sens rendre compte, et là, Dijon gagne, votre pari est donc gagnant mais celui-ci restait néanmoins très mauvais, dire qu’il serait bon, simplement parce que l’on a gagné en ayant uniquement une vision court terme serait résult oriented. C’est une des très grosses erreurs des débutants dans les paris sportifs, penser qu’une décision est bonne uniquement en se basant sur les résultats sans tenir compte des probabilités.

Le biais d'autocomplaisance

Se croire à l’origine de ses réussites et attribuer ses échecs aux autres, ou à des facteurs extérieurs. Pour un parieur cela reviendrais par exemple à mettre ses échecs sur le dos des arbitres, de la météo, de l’état du terrain, de la mal chance…, et ses réussites uniquement sur ses qualités d’analyste. Imaginer un excellent mois à + 40 unités suivi d’un mois à -15 unités. Le biais d’autocomplaisance pourrait nous pousser à nous voir excellent sur le 1er mois et avoir énormément de mal chance sur le second, alors qu’il est tout à fait possible d’avoir eu énormément de chance dans le 1er mois et que le second mois reflète simplement notre réel niveau.Il est très important d’être le plus objectif possible sur ces résultats et de faire la part entre ce qui est dû à la mal chance et ce qui est dû à la qualité de vos analyses.

 

Le biais de négativité

C’est la tendance à donner plus de poids aux expériences négatives qu’aux expériences positives et à s’en souvenir davantage. Pour un parieur cela reviendrait par exemple à se souvenir exclusivement du nombre de matchs perdu à la 90ème minute et d’oublier toutes les fois où il a gagné de cette même façon, tout simplement car notre cerveau a beaucoup plus de facilité à se souvenir de moments désagréables ou négatifs. Le biais de négativité pouvant être associé au biais d’autocomplaisance car gagné un pari à la 90ème minute sur un but sur corner, au final ce n’est que justice puisqu’on avait très bien analysé le match et que notre équipe devait gagner, notre cerveau va donc plus facilement omettre ce résultat pour se concentrer sur cette horrible défaite sur un panier au buzzer car le joueur a eu une chance phénoménale de le mettre. IL est donc bon de relativiser et d’essayer de se remémorer les moments de chances qu’on a pu avoir auparavant lorsque des moments de mal chance nous arrivent afin de constater que sur le long terme cette variance, qu’elle soit positive ou négative s’équilibre

Le biais de représentativité

C’est un raccourci mental qui consiste à porter un jugement à partir de quelques éléments qui ne sont pas nécessairement représentatifs. Par exemple considérer qu’une équipe à 70 % de chance de gagner son prochain match car elle a gagné 7 de ses 10 derniers matchs. Evidement que l’état de forme d’une équipe est un indicateur à prendre en compte lorsque l’on fait une analyse, mais il ne faut pas oublier que 10 matchs est un échantillon trop petit et qu’il n’est pas nécessairement représentatif du réel pourcentage de chance de l’équipe de gagner.

Le biais de cadrage

Cela signifie être influencé par la manière dont un problème est présenté. Par exemple la décision de prendre ou non un pari par le fait de voir celui-ci selon son taux de réussite ou d’échec alors que les deux chiffres fournissent la même information.

Le biais du survivant

On surévalue les probabilités de réussite d’un événement en se focalisant sur les personnes ayant eu du succès mais qui ne sont que des exceptions d’un point de vue statistiques. Exemple, j’ai vu sur winamax un mec passer un combiné de 20 matchs avec une cote à 1500, s’il la fait, je peux le faire. Autre exemple, observer des tipsters professionnels vivant très bien de leur activité, en mettant de côté tout le travail, les connaissances, leurs prédispositions naturelles, pour en arriver là. Les choses ne sont pas toujours aussi simples qu’elles n’y paraissent, et on voit souvent ceux qui réussissent mais très peux souvent ceux qui échouent.

Le biais de confirmation

C’est la tendance à ne rechercher et ne prendre en considération que les informations qui confirment les croyances, notre avis, et à ignorer ou discréditer celles qui les contredisent. Par exemple je décide de parier sur Neymar buteur car il a marqué au moins un but sur les 5 dernières rencontres, mais j’ignore le fait qu’il n’a jamais marqué contre cette équipe spécifiquement ou bien qu’il soit légèrement blessé ce soir. Et l’on se retrouve le lendemain avec le fameux « je savais que je n’aurai pas dû parier hier, mais je pensais que sa passerait quand même ».

Le biais de l'excès de confiance

C’est lorsque l’on surestime ses capacités. Ce biais a été mis en évidence par des expériences en psychologie qui ont montré que dans divers domaines, beaucoup plus que la moitié des participants estiment avoir de meilleures capacités que la moyenne. Ainsi, plus de la moitié des gens estiment avoir une intelligence supérieure à la moyenne. Dans les paris ça se traduit par le fait de penser que l’on analyse beaucoup mieux que la moyenne des parieurs, par exemple on va décider de miser 10 % de sa bk par paris car on se sent bien meilleur que la moyenne et perdre 8 ou 10 paris de suite cela n’arrive qu’aux autres mais pas à nous.

Conclusion

L’aspect mental est très important dans les paris sportifs et est souvent négligé par les parieurs débutants, en effet nous ne sommes pas des robots et nos décisions ne sont pas toutes rationnelles. Avoir conscience des biais cognitifs qui peuvent vous influencer vous permettra de prendre du recul et d’améliorer vos décisions.

Article complémentaire sur les biais cognitifs sur science et avenir.